Les Archives de la Vendée ont mis en ligne des fonds exceptionnels sur les Guerres de Vendée, à la fois issus du Service historique de la Défense à Vincennes et des Archives nationales. Mais on en trouve en d’autres endroits plus discrets, comme dans la collection René Faucheux.
En-tête de la lettre de Cordelier (noté avec deux « l », A.D. 85, 102 J 13)
Avocat originaire de La Roche-sur-Yon, René Faucheux (1896-1961) était le frère de Marcel Faucheux, érudit vendéen et auteur de nombreuses publications. Il avait constitué une collection d’autographes aujourd’hui conservée aux Archives de la Vendée et en partie numérisée.
Ce fonds propose un ensemble de pièces de la période révolutionnaire : on en trouve de Mgr de Mercy (1790), de Lequinio (1791), de Canclaux, Boulard et Ruelle (1793), de Cordelier et Rossignol (1794), de Dornier (1795), d’Hédouville (1796), de Vimeux (1797), de Turreau (1798), etc.
Au quartier général de Brissac, le 20 janvier 1794
La lettre signée de Cordelier (1) présente un intérêt historique car elle est datée du 1er pluviôse de l’an second de la république française, autrement dit le 20 janvier 1794, à la veille de l’entrée en Vendée des Colonnes infernales, fixée au jour anniversaire de la mort de Louis XVI. Comme indiqué dans les instructions de Turreau, le commandant en chef de l’armée de l’Ouest, Cordelier a rassemblé ses troupes à Brissac, au sud d’Angers, et s’apprête à marcher sur les Mauges de concert avec son binôme, le général Crouzat (2).
« Je suis arrivé hyer à Brissac, j’y ai trouvé le Général de Brigade Crouzat et sa troupe en assez bon ordre ; il m’a instruit que le Général de Brigade Jacob (3), par ordre du Représentant du Peuple, avait été détaché de la Division avec 1500 hommes en passant par Nantes ; que depuis ce temps il n’avoit eu aucune nouvelle directe ni indirecte du Général Jacob.
Je compte partir d’ici le 3 pluviôse, si tu ne me donne d’ordre contraire, ainsi, si tu es instruit de la résidence du Général Jacob je serois bien flatté que tu lui donne l’ordre de rejoindre la Division avec ses troupes ; tu en sentiras parfaitement la nécessité pour peu que tu considère l’importance de la force distraite.
Il est impossible que mon adjudant Général fasse parvenir aujourd’hui à l’état M.G. (4) l’état de situation de la Division, attendu que les divers corps ayant des modèles différents, cette même situation devient impraticable ; conséquemment et pour qu’à l’avenir cette partie intéressante du service ne reste point en souffrance, je prie Robert (5) de me faire passer au plutôt des imprimés s’il en a, ou de m’envoyer un modèle afin qu’on pût s’y conformer.
Je joins ici l’état de l’effectif de chaque corps que je te prie de remettre à Robert.
Salut et fraternité
Le Général de Division
(signé) Cordelier »
La signature de Cordelier (A.D. 85, 102 J 13)
Notes :
- Lettre consultable sur le site des Archives de la Vendée sous la cote 102 J 13. Étienne-Jean-François Cordelier-Delanoüe (1767-1845), nommé général de division le 1er octobre 1793, il passe à l’armée de l’Ouest le 28 novembre suivant. Ses crimes commis notamment dans les Mauges en janvier 1794, aux Lucs-sur-Boulogne les 28 février et 1er mars, et dans le Loroux à la mi-mars, en font l'un des plus sanglants commandants des Colonnes infernales.
- Joseph Crouzat (1735-1824), nommé général de brigade en septembre 1793.
- Maximilien-Henri-Nicolas Jacob (1765-1796), nommé général de brigade en septembre 1793.
- État-major général.
- Joseph-Louis-Armand Robert (1767-1796), général et chef d’état-major de l’armée de l’Ouest.