Le blog Chemins Secrets relatait il y a 4 ans le massacre qui ensanglanta la Sorinière, paroisse Saint-Pierre de Chemillé, le 24 janvier 1794. Huit membres de la famille Rochard, métayers du château, périrent ce jour-là sous le fer des républicains. La question restait toutefois posée quant au lieu de leur inhumation.
Les victimes du massacre de la Sorinière reposent-elles à l'angle de ce champ ?
Un article du Courrier de l’Ouest du 21 janvier 2018 a également évoqué ce drame : « Lors du passage de la colonne infernale de Crouzat à la Sorinière, la ferme est pillée puis livrée aux flammes. Les fermiers et leurs familles sont massacrés. À leur arrivée, les soldats républicains massacrent François Rochard, âgé de 69 ans, et ses deux belles-filles : Jeanne Dailleux et sa sœur Marie. Les deux maris, Jean et René Rochard, sont absents. Depuis le début de la guerre, ils combattent auprès de l'armée vendéenne. René a été réquisitionné pour transporter le ravitaillement aux troupes. Jean a dû rejoindre l'armée de Stofflet. La folie meurtrière de la colonne infernale de Crouzat n'épargne pas non plus les cinq jeunes enfants de la famille : ceux nés de l'union de René et Marie : Henriette, âgée de 5 ans et demi, René, 4 ans, et Joseph, 5 mois ; et ceux nés du mariage de Jean et Jeanne : Jeanne, 4 ans et Pierre, 2 ans… »
Xavier Paquereau a donné toutes les précisions généalogiques sur la famille Rochard dans un article publié sur le blog Chemins Secrets le 16 juillet 2015. Mais il s’interrogeait sur un point : « Les registres de l'état civil ne nous apportent rien en ce qui concerne le lieu des sépultures : inhumation sur les lieux mêmes de la tragédie dans un premier temps ? Au cimetière de Chemillé par la suite ? Dans cette situation, on ne peut que s'appuyer sur la tradition orale, locale ou familiale ; les registres restant muets sur le sujet. Ont-ils été les seuls massacrés au château de la Sorinière ? A priori, oui ».
La croix de la Roulerie-Sorinière
Restée dans un coin de mon esprit, la question de cette inhumation a ressurgi à la lecture d’un texte d’Henri Boré, érudit et écrivain bien connu dans les Mauges, à propos des croix de Chemillé. Dans une énumération, l’auteur cite « la croix de la Roulerie-Sorinière, réputée très ancienne. Réparée avec du ciment et de la ferraille, elle fait modeste impression. Elle se trouve au carrefour de la Roulerie, à environ 3 km du bourg. Des témoignages oraux signalent qu’elle rappelle le lieu d’un massacre pendant la Révolution, les victimes auraient été enterrées dans une fosse commune dans le champ situé en face, et l’endroit jadis signalé par deux sapins aujourd’hui disparus ».
Vérification faite sur place, la seule chose qui pourrait s’apparenter à une croix – ou plutôt un vestige de croix – dans ce périmètre se trouve au carrefour de la route de Chemillé à Valanjou et celle allant de la ferme de la Roulerie au château de la Sorinière, en lisière du bois de Sainte-Anne. Nous sommes là précisément à 3 km de l'église Saint-Pierre de Chemillé.
Si les victimes du massacre de la Sorinière ont été inhumées sur place, on peut douter que leur sépulture soit localisée près du château ; elle se situerait plutôt à l’écart des habitations, à l’extrémité d’un champ, pour les tenir éloignées des travaux agricoles. La pointe formée par ces deux routes, et la pierre encore debout à cet endroit, peuvent donner à penser que ces malheureux reposent ici.
Localisation du carrefour de la route de Chemillé à Valanjou,
et de celle de la Sorinière à la Roulerie
À la pointe du champ (croix rouge sur la carte), les restes d'une croix ?
A savoir quand ils ont déménagé l'ancien cimetière, s'il n'ont pas été mis dans la fosse commune ?