L’ancien cimetière des Pierres-Fortes, au centre des Herbiers, conserve une cinquantaine de tombes présentant un intérêt patrimonial. Parmi les notables inhumés en ce lieu, et qui ont marqué l’histoire de la ville au XIXe ou au début du XXe siècle, figure un contemporain de la Révolution, un certain Louis-René Guyet, fervent patriote et acheteur de biens nationaux. 

Guyet 3Le nom de Louis-René Guyet gravé sur sa stèle
  

Né en 1776, Louis-René Guyet était issu d’une riche famille originaire de Saint-Fulgent. La fortune de son père, Simon-Charles Guyet (1730-1793) a fait l’objet d’un article détaillé ici. Elle permit à Louis-René d’acquérir conjointement avec Pierre Ageron, propriétaire à Fontenay-le-Comte, l’abbaye de la Grainetière, commune d’Ardelay, vendue comme bien national sous la Révolution.

Il faut préciser que son père avait déjà mis la main au début de l’année 1791 sur plusieurs métairies dépendant de cette abbaye, mais aussi sur d’autres biens d’Église. L’engagement de Simon-Charles Guyet en faveur de la Révolution lui fut fatal : les insurgés le massacrèrent le 14 mars 1793 à Saint-Vincent-Sterlanges, comme l’indique un acte de notoriété daté de 1795.

L'abbaye de la Grainetière transformée en carrière de pierres

Son fils Louis-René porta un rude coup à l’abbaye de la Grainetière. « Il fit raser à hauteur d’hommes les deux petites tours en poudrière qui flanquaient la porte d’entrée et qu’on voyait encore debout plusieurs années après la Révolution de 1830. Et il acheva la démolition du clocher de l’église. Il a fait dessécher l’étang considérable qui servait de poissonnerie aux moines pour l’observance du carême et des jours maigres » (A.D. 85, Fonds Bousseau et famille de Grandcourt, 42J/19, dossier Guyet).
  

Abbaye de la GrainetiereVestiges de l'église abbatiale de la Grainetière
  

En 1828, il acheta le château du Bignon, où il recevait son neveu, Marcellin-Benjamin Guyet-Desfontaines (Saint-Fulgent 1774 – Paris 1830), le fils de son frère Joseph, quand celui-ci venait se faire élire député aux Herbiers (il siégea dans les rangs de la gauche et de l’opposition dynastique de juin 1834 à février 1848).

Louis-René Guyet, dont le surnom « le Vaillant » ou « le Superbe » laisse deviner le caractère, mourut célibataire et sans postérité le 4 avril 1853. Peut-être n’a-t-il pas supporté de voir disparaître pour la deuxième fois sa chère République, quatre mois auparavant…

Il fut inhumé civilement sous la stèle noire qui se dresse aujourd’hui encore à l’entrée du cimetière des Pierres-Fortes. Considérant le passé de ce personnage, il est surprenant qu’une petite croix ait été placée au sommet de cette pierre !
  

Guyet 2La tombe de Louis-René Guyet au cimetière des Pierres-Fortes, aux Herbiers

Guyet 1Les inscriptions sur la stèle : « mémoire de notre oncle – ici repose le corps de Louis René Guyet décédé au Bignon à l'âge de 77 ans »

AD Louis Rene GuyetActe de décès de Louis-René Guyet (A.D. 85, état civil des Herbiers, NMD 1851-1854)