En parcourant le sentier GRP (Grande Randonnée de Pays) Sèvre et Maine, plus précisément la « Boucle des Collines » qui enserre Les Herbiers, vos pas vous porteront dans un vieux chemin creux, perdu sur les hauteurs de ce qu’on appelle localement « la Peur-au-Blé ».
Le chemin creux de la Peur-au-Blé
Ne cherchez pas ce toponyme sur les cartes de l’I.G.N., vous ne l’y trouverez pas. Il n’apparaît que sur le cadastre des Herbiers : distinctement sur celui de 1839 (illustrations ci-dessous), qui lui attribue même une section (la A6, vide de toute habitation) ; et de manière plus réduite sur celui de 1965. Son tracé suit la ligne de crête entre les fermes de la Méancière et de la Gautrie.
La Peur-au-Blé dans la Section A des Alouettes,
sur le cadastre ancien des Herbiers (A.D. 85)
Détail des parcelles de la Peur-au-Blé sur le cadastre de 1839 (A.D. 85)
On l’entend aussi dans la chanson de « La chapelle des Alouettes » qui énumère des lieux-dits des Herbiers :
Connais-tu la chapelle des Alouettes
Connais-tu les ravins de la Maha
Boistissandeau, la Secouette
Montassier, les Enfreins, la Vergnaie,
Connais-tu ces jolis paysages,
Les Bois-Verts, la Peur-au-Blé,
Et tout ça mon p'tit gars c'est l'bocage
De notre beau pays de Vendée.
L’origine du nom de « la Peur-au-Blé », parfois noté « la Peur-aux-Blés », demeure bien mystérieuse, d’autant qu’on n’y a jamais cultivé aucun blé. Le sujet de cette peur ne serait-il pas plutôt à chercher du côté des « Bleus » ? D’après un récit de Jean Lagniau, dont je parlerai prochainement, « la Peur-au-Blé » a en effet pu servir de refuge aux habitants des fermes et villages des alentours lors du passage des Colonnes infernales sur le territoire des Herbiers, au début de l'année 1794. On le comprend aisément en parcourant ce vieux chemin creux, isolé sur cette ligne de crête en partie couverte de bois. En voici quelques images :
La croix à l'entrée du chemin, près de la Méancière. Pendant la Révolution, l'abbé Marion, curé insermenté de Saint-Jacques de Montaigu, célébra des messes clandestines dans la grange de cette ferme.
merci pour ce nouvel article sur un chemin que j'ai souvent parcouru dans les années 1990. Les documents de l'office de tourisme à l'époque évoquaient le chemin de "La Pierre au blé", et expliquait le toponyme par la présence des moulins et de leur meule de pierre transformant le blé en farine. J'ignorai le nom de "Peur au Blé" du cadastre. Vivement la publication de l'article de Jean Lagniau!
Janame