La plupart des historiens fixent au 8 octobre 1793 l'entrée de Carrier à Nantes, ce que l'intéressé indiqua lui-même lors de son procès. Mais l'incertitude demeure quant à cette date. 

Carrier

Commençons par la source la moins fiable, Wikipédia, qui annonce que Carrier « est envoyé à Nantes en vendémiaire an II (septembre 1793) pour faire cesser la révolte vendéenne par les moyens les plus extrêmes ». En réalité, le mois de vendémiaire de l'an II va du 22 septembre au 21 octobre 1793, ce qui demeure bien vague.

Le fil de discussion de cette fiche Wikipédia ajoute que Yannick Guin, dans son livre Le Mouvement ouvrier nantais (1), note le 19 octobre, deux jours après la bataille de Cholet. Dans son Histoire de la Révolution française (2), Jules Michelet annonce même le 21 octobre.

Si l'on a bien vu Carrier à la bataille de Cholet, ou plutôt à l'arrière-garde dans une attitude fort peu glorieuse (3), Carrier avait pourtant déjà posé ses bagages à Nantes les jours précédents, certes brièvement. 

Son arrivée remonte en fait au début du mois d'octobre ; il écrit encore de Rennes le 4, au Comité de Salut public, qu'il a l'intention de partir le lendemain pour Nantes. Mais il affirmera lors de son procès que cela eut lieu le 8 octobre (4), ce que la plupart des historiens ont retenu.

Savary donne plus de précisions en écrivant que lorsque le général Léchelle fut nommé à la tête de l'armée de l'Ouest, il arriva de Saumur à Nantes « dans la soirée du 7 octobre. Le représentant Carrier, muni de pouvoirs illimités, l'y avait précédé » (5). Tous deux se rendirent le lendemain, 8 octobre, au quartier général de Montaigu pour un conseil de guerre (6). Après un passage à Angers, d'où il écrit le 9 au Comité de Salut public, Carrier se mit en route le 19 pour Nantes « où il commença ses opérations révolutionnaires » (7). 

Carrier fit donc une première entrée à Nantes entre le 5 et le 7 octobre 1793, mais ne se mit véritablement à son œuvre funeste qu'à partir du 20 du même mois. 
   

Illustration : Jean-Baptiste Carrier, député du Cantal à la Convention, dessin contemporain au crayon noir et à la sanguine, Département des estampes de la BnF
  


Notes : 

  1. Maspero, 1976, p. 24. 
  2. Tome VII, p. 79.
  3. C'est ce qu'on lit dans le livre de Jean-Joël Brégeon, Carrier et la Terreur nantaise : Kléber « aurait vu le représentant Carrier pâlir sous l'effet de son baptême du feu puis tout simplement tourner le dos à l'ennemi. Kléber aurait alors crié à ses soldats : “Laissez passer le citoyen représentant, il tuera après la victoire” ». Il semble toutefois que ce texte, copié et recopié par nombre d'historiens, apparaisse la première fois dans l'Histoire de la Vendée militaire (1843, tome Ier, p. 258) de Jacques Crétineau-Joly, le talentueux créateur de citations comme celle de Westermann (« J’ai écrasé les enfants sous les sabots des chevaux ») ou encore Merlin de Thionville (« Les Brigands n’ont pas le temps d’écrire ni de faire des journaux… »). 
  4. La Loire vengée, ou recueil historique des crimes de Carrier et du comité révolutionnaire de Nantes, 2e partie, An III, p. 77.
  5. Guerres des Vendéens et des Chouans contre la République françaiset. II, pp. 222-223. 
  6. ibidem, pp. 227-228. 
  7. Alfred Lallié, Notes concernant l'histoire du Bouffay de Nantes, 1625-1794, 1865, pp. 67-68.