En 1832, la duchesse de Berry prit la tête d'une tentative de soulèvement du Midi de la France, puis de la Vendée, en faveur de son fils Henri, héritier de la branche aînée des Bourbons déchue après les Trois Glorieuses. Plusieurs lettres de sa main témoignent de la correspondance qu'elle entretenait avec ses réseaux en France. 

Marie-Caroline

Ces trois documents autographes signés « Marie-Caroline », prénoms de la duchesse de Berry, étaient probablement écrits à l'encre sympathique ; deux lettres le sont à l'encre bleue, la première abîmée par le réactif. Voici une partie de ce qu'on peut y lire 

Massa (1) 6 mars 1832 : « Ayant toute confiance dans la sagesse et le dévouement du général Bn Clouet (2) nous le chargeons de s'assurer des bonnes dispositions des troupes de faire connoitre notre volonté de récompenser tous les services rendus à la France par ceux qui contribueroient de leurs efforts à hâter le rétablissement de l'autorité légitime d'Henri V et l'autorisons au besoin à promettre en notre nom un grade… »

15 mai 1832 : « Que mes amis se rassurent ; je suis en France et bientôt dans la Vendée (3). C'est de la que vous parviendront mes ordres définitifs (...) Il n'y a eu qu'erreur et méprises dans le Midi je suis satisfaite de ses dispositions. Il tiendra ses promesses, mes fidèles provinces de l'Ouest ne manquent jamais les leurs. Dans peu toute la France sera appellée à conquérir son ancienne dignité et son ancien bonheur. Faites avertir Tregomin, Pontfarci et Cadoudal (4)… »

Vendée 18 mai 1832 : « Je n'ai pas plus la volonté que le pouvoir de révoquer les ordres donnés par toute la France, j'y ai été déterminée par l'espoir que m'ont donné vos dernières dépêches et celles de nos autres amis. L'état du Midi dont j'ai eu des nouvelles depuis mon départ, ne me laisse pas de doutes sur sa participation puissante. Ne négligez aucun moyen de persuasion près du militaire, contre lequel il ne faudra agir qu'à la dernière extrémité… » Elle signe : « Marie Caroline, Régente de France ».

Ces lettres seront proposées à l'hôtel des ventes Drouot, à Paris (9 rue Drouot), le lundi 18 novembre 2019, à 17h00. Lot n°1311, estimation 1.500 à 2.000 €.
   


Notes :

  1. Après un premier exil en Angleterre, la duchesse de Berry s'installa en 1831 à Massa, dans le duché de Modène, seul État à n'avoir pas reconnu Louis-Philippe. C'est là qu'elle organisa à distance son projet de reconquête du pouvoir pour son fils Henri V. Elle passera à l'action en débarquant à Marseille le 29 avril 1832. 
  2. Le général baron Louis Clouet (1781-1862) a fait carrière de Napoléon Ier à Charles X, participé à la conquête de l’Algérie en 1830, et aussi aidé la duchesse de Berry dans sa tentative de soulèvement en faveur d'Henri V. Il commandait en chef la 2e armée couvrant la rive droite de la Loire.
  3. Le soulèvement de la Provence légitimiste fut un fiasco. Marie-Caroline porta alors tous ses espoirs sur la Vendée où elle prévoyait une prise d'armes pour le 24 mai 1832 (elle avait en mémoire l'accueil chaleureux que les Vendéens lui avaient réservé lors de sa visite en juillet 1828). Mais elle échouera en quelques jours seulement, début juin.
  4. Trois chefs de la 2e armée sous le commandement du général baron Clouet dans le projet de soulèvement de 1832 : Guy-Aubert de Trégomain (1774-1860) commandant le 1er corps (Ille-et-Vilaine) ; Camille de Farcy, comte de Pontfarcy (1792-1850), le 4e corps (Maine) ; et Joseph de Cadoudal (1784-1852), les 3e et 7e corps (Morbihan et Finistère).