La commune finistérienne de Fouesnant a été récompensée en conservant sa 4e fleur pour la qualité de sa décoration paysagère et florale. La nouvelle peut paraître incongrue ici, mais l’illustration choisie pour illustrer ce prix s’inspire du tableau de Jules Girardet : Les révoltés de Fouesnant ramenés à Quimper par la garde nationale en 1792.
Illustration de l'article du site de la vile de Fouesnant
Cette huile sur toile peinte vers 1886-1887 est conservée au Musée des Beaux-Arts de Quimper. On doit à Jules Girardet (1856-1938) plusieurs scènes devenues célèbrent dans la représentation des guerres de l’Ouest, comme Le général de Lescure blessé passe la Loire à Saint-Florent (1882, Musée Birkenhead, Grande-Bretagne), La déroute de Cholet, octobre 1793 (1886, Musée d’Art et d’Histoire de Cholet), ou encore Épisode de la Chouannerie (Musée des Beaux-Arts de Morlaix).
Le tableau de Jules Girardet,
Les révoltés de Fouesnant ramenés à Quimper par la garde nationale en 1792
Voici l’explication que le site du Musée des Beaux-Arts de Quimper donne de ce tableau :
Le 9 juillet 1792, le juge de paix Alain Nédellec pousse les paysans de Fouesnant à la révolte. Plus qu’une révolte face aux problèmes religieux, il s’agit d’une affaire personnelle, Nédellec refusant sa destitution, et d’une réaction face au recouvrement des impôts. Le peintre ne nous montre ni la violence des combats du lendemain ou l’arrestation des révoltés, mais leur retour à Quimper. Le convoi traverse le faubourg de Locmaria. Cette œuvre paraît au premier regard extrêmement simple car elle allie le sérieux documentaire dans le rendu du site et des costumes, et la vraisemblance historique. Elle offre tous les ingrédients susceptibles de retenir l’attention des visiteurs : l’ensemble architectural qui constitue une belle toile de fond ; la noblesse du « chef chouan » (on ne peut pourtant pas encore parler de « Chouannerie » en juillet 1792) qui conserve toute sa dignité dans la défaite ; les femmes qui paraissent n’éprouver aucune compassion tandis qu’un vieux « chouan » semble se cacher ; les costumes des femmes et enfants, ou les longs cheveux et « bragou braz » des hommes apportent la touche folklorique qui plaît alors.
Mais après cette première lecture, le doute s’installe quand on sait que le peintre a tout inventé. Les révoltés sont ramenés à Quimper par la route habituelle, passant par Saint-Evarzec, descendant dans la vallée par le coteau Saint-Julien. Le meneur de la révolte, que l’on identifie clairement dans la peinture, a en fait réussi à s’échapper lors des combats et n’a été arrêté, seul, que le 2 décembre. Le peintre a été séduit par le site de Locmaria lors d’un séjour à Quimper durant l’été 1887 et l’a dessiné. À partir de ses études de costumes il a inventé une scène à partir de ce qui était plus un fait divers qu’un épisode de la Contre-révolution. Il ne prend parti ni pour les révoltés, ni pour les forces de l’ordre. Peinte près d’un siècle après les événements, cette peinture d’histoire ressemble plutôt à une scène de genre. Elle a obtenu un succès considérable lors de sa présentation au salon de 1887. La ville de Quimper a tout fait pour acheter l’œuvre pour son musée, étalant la dépense sur quatre annuités.