Ma dernière publication sur la famille d’Elbée m’a valu le message d’un généalogiste angevin à propos d’une découverte insolite faite dans le registre paroissial de Saint-Georges-sur-Loire. Ce lecteur assidu m’a en effet signalé une certaine « Cecille », née dans cette paroisse en 1777, de père et de mère inconnus, et qui reçut pour une raison mystérieuse le nom de « D’elbé ».

AB Cecille D ElbeActe de baptême de « Cecille d'Elbé » (source : voir note 1)
  

Voici l’acte de baptême qui m’a été communiqué :

« Le trente unième jour de mars mil sept cent soixante dix-sept a été baptisée par le soussigné chanoine régulier prêtre et vicaire de cette paroisse de St Georges sur Loire, une fille qui nous a été présentée par le sieur Jacques Granger, maître en chirurgie de cette paroisse, lequel a déclaré ne connoitre ny le père ni la mère et nous a assuré que le dit enfant né d’haujourdhuy n’avoit point été baptisé, lequel enfant a reçu le nom de Cecille (dans l’interligne supérieur a été ajouté le nom : « d’Elbé »), ont été parrain le sieur Jacques Granger, maître en chirurgie, et marraine Jeanne Jousselin, femme du nommé Douezy de cette paroisse… » (1)

Une mention apposée au bas de l’acte indique que l’interligne a été approuvé.

De « Cecille d’Elbé » à « Cécile Delbée »

Mais pour quelle raison ce nom de famille, qui n’a vraiment rien de commun dans la région, lui a-t-il été attribué ? J’ai recherché s’il pouvait venir d’un lieu-dit saint-georgeois où cette enfant aurait été trouvée, en vain.

Est-il lié à Maurice Gigost d’Elbée de Saint-Martin-de-Beaupréau, le futur général vendéen ? Ce dernier avait alors 25 ans (son père était mort en 1763). Né à Dresde le 21 mars 1752, il avait servi dans les armées de l’Électeur de Saxe, puis dans celles du Roi de France à partir de 1772, d’abord comme sous-lieutenant au régiment Dauphin-Cavalerie, puis à partir de 1781 comme lieutenant en second au 5e régiment des chevau-légers en garnison à Joinville (2). Il revint probablement de temps à autre dans ses terres belloprataines ; cependant aucun de ses biographes n’évoque cette enfant appelée « d’Elbé » née en 1777.

En poussant la recherche plus avant, j’ai mis la main, à la date du 30 vendémiaire an VII (21 octobre 1798), commune de « Beausite » (3), sur l’acte de mariage de « Cécile Delbée » avec un certain Pierre Gourdon, dont elle aura six enfants, quatre filles et deux garçons (4), et dont il y eut postérité.
  

AM Cecile DelbeeActe de mariage de Cécile Delbée (source : voir note 4)
  

Pour son décès, absent des registres de Saint-Georges-sur-Loire, je me suis fié à celui de son mari, qui eut lieu à Angers le 24 août 1833 et qui la donnait encore vivante. Je l’ai par conséquent cherché dans les tables de cette ville et découvert à la date du 20 juillet 1863, toujours sous le nom de « Cécile Delbée » (5). Dès lors ce patronyme aux origines obscures s’éteint.
 

AD Cecile DelbeeActe de décès de Cécile Delbée (source : voir note 5)
  

Le mystère en restera là. Seuls le sieur Jacques Granger et le prêtre de Saint-Georges-sur-Loire auraient pu nous révéler la vérité…

Signature
Signature de Cécile Delbée sur son acte de mariage

  

Merci à M. Gourdon


Notes :

  1. A.D. 49, registre paroissial de Saint-Georges-sur-Loire, BMS 1776-1785, vue 33/266.
  2. Jean Épois, D’Elbée ou l’Épiphanie sanglante, Éditions du Choletais, 1884, pp. 13 et 181.
  3. Nom révolutionnaire de Saint-Georges-sur-Loire.
  4. A.D. 49, registre d’état civil de Saint-Georges-sur-Loire, NMD An VI – An VIII, vue 89-90/206.
  5. A.D. 49, registre d’état civil d’Angers, 1er arrondissement, Décès 1863, vue 59/113.