Un acte de notoriété établi par le juge de paix de Beaupréau indique qu'un nommé René Manceau, « meunier à la Barletière commune de Macaire » est mort en décembre 1793 lors de la campagne d’outre-Loire de l’armée vendéenne. Pour savoir d'où il venait, il faut tourner autour des moulins des bords de Moine.
Extrait de l'acte de notoriété établissant la mort de René Manceau en décembre 1793
L’acte en question fut enregistré par Jean-François Paumard, juge de paix du canton de Beaupréau, le 17 floréal de l’an VII (6 mai 1799). On y lit que « le citoyen René Manceau, meunier à la Barletière, commune de Macaire, est mort à la suite de ses blessures qu’il a reçu (sic) à la Flèche, département de la Sarthe, dans le courant du mois de frimaire de l’an deux républicain » (1).
Sur le chemin du retour, après son échec devant les remparts de Granville, les 14 et 15 novembre 1793, l’armée vendéenne est passée à deux reprises par La Flèche : la première fois du 30 novembre au 2 décembre ; la seconde du 7 au 10 décembre, ce qui correspond au mois de frimaire de l'an II (du 21 novembre au 20 décembre 1793).
Qui était René Manceau ?
Les toponymes de l’acte de notoriété ont été déformés : la « Barletière » correspond à la Brétellière, hameau qui comptait un moulin à vent aujourd’hui disparu, mais qu’on distingue nettement sur le cadastre napoléonien (illustration ci-dessous). Quand à « Macaire », il s’agit bien évidemment de Saint-Macaire-en-Mauges, où se situent la Grande et la Petite Brétellière (2).
Le moulin de la Brétellière en 1834,
cadastre napoléonien de Saint-Macaire-en-Mauges (A.D. 49)
René Manceau devait y exercer son métier de meunier avant la Révolution, mais il n’était pas originaire du lieu. Après quelques recherches dans les registres des paroisses environnantes, j'ai trouvé un individu de ce nom à Saint-André-de-la-Marche, où il naquit le 18 décembre 1764, au moulin de la Gouberte (un moulin à vent), son père Jean étant lui-même meunier.
Ce René Manceau épousa à La Renaudière, le 31 janvier 1786, Jeanne Guillocheau (La Renaudière 1764 – Roussay 1835), elle aussi fille de meunier. L'acte de mariage le mentionne comme « farinier ». A priori le couple n’eut pas d’enfant (3).
Comment être sûr qu’il s’agissait du même René Manceau de Saint-Macaire-en-Mauges, mort en décembre 1793 ? Grâce à l’un des deux témoins venus comparaître devant le juge de paix en 1799. Il y avait là un nommé René Bineau, marchand de mouchoirs demeurant à Roussay, et surtout Pierre Guillocheau, meunier demeurant au Moulin de Moine (un moulin à eau), à Beaupréau, et frère de Jeanne Guillocheau (3), ce qui confirme l'identité du René Manceau mort pendant la Virée de Galerne.
D'autre part, Jeanne Guillocheau se remaria le 19 mai 1799 à Beaupréau, ce qui explique l'origine de l'acte établissant la mort de René Manceau, daté du 6 mai précédent la cérémonie. Son second mari, Pierre Vincent (Beaupréau 1769 – Roussay 1837), avait pris part lui aussi à l'insurrection les armes à la main (4).
Notes :
- A.D. 49, 94 L 10-3.
- Les amateurs de mégalithes auront reconnu dans ce nom l'un des principaux sites des Mauges, comprenant le menhir de la Brétaudière et la « Grande Pierre Levée » de la Brétellière, monolithe de granit rose haut de 6,20 m.
- La famille Guillocheau, du moulin de la Colle, paroisse de La Renaudière, fut très engagée dans l'insurrection vendéenne. Elle est connue pour avoir caché Madame de Bonchamps dans le moulin à eau situé en contrebas. Elle fournit plusieurs combattants parmi les frères de Jeanne, notamment Pierre, né en 1767, marié à Beaupréau en 1796 avec Jeanne Esseul, et mort au Moulin de Moine à Beaupréau en 1806 ; ou encore Charles, né en 1766, sergent dans la compagnie de La Renaudière (il fit une demande de pension en 1825, A.D. 49, 1 M 9/203), marié en 1799 avec Renée Durgeault, et mort au moulin de la Colle en 1844.
- Il reçut trois blessures à la bataille de Chantonnay (5 septembre 1793), comme on le lit dans sa demande de pension datée de 1825 (A.D. 49, 1 M 9/349).