Le 22 messidor de l’an V (10 juillet 1797), une jeune Choletaise nommée Françoise Giraud épousait dans sa ville natale un certain Jean Pabeuf. L’acte de mariage indiquait que les parents de la mariée étaient morts, sans préciser toutefois qu’ils avaient tous les deux péri pendant les Guerres de Vendée.

94 L 24Extrait de l'acte de notoriété attestant la mort de François Giraud et Perrine Bourigaud « pendant la guerre de Vendée » (A.D. 49, 94 L 24)
  

Née à Cholet le 14 décembre 1779, Françoise Giraud fut baptisée le lendemain à l’église Saint-Pierre. Elle était la fille de François Giraud, un tisserand, et de Perrine Bourigaud (1).

On sait ce qu’il advint de ses parents pendant la Révolution française grâce à un acte de notoriété (2) établi par Pierre-René-Jean-Baptiste Esnault, juge de paix du canton de Cholet, le 19 pluviôse an V (7 février 1797), soit cinq mois avant le mariage de Françoise Giraud, car celle-ci était alors mineure.

Ce jour-là, huit hommes, parents et amis de la famille, comparurent devant le juge de paix : un aubergiste, Louis Blandin ; et sept tisserands de Cholet : René Blandin, Pierre Cousseau, Jacques Coutant, Pierre Ouvrard, Jean Bruneau, Jean Chesnay, ainsi que Joseph Bernier dont le nom a été rajouté en marge.

Ces témoins déclarèrent « que François Giraud, tisserant (sic), et Perrine Bourigaud, son épouse, qui demeuroient en cette commune, sont décédés pendant la guerre de la Vendée ; que le premier a passé la Loire et a péri des suites des fatigues et de misère qu’il a éprouvée ; et que sa femme a été massacrée sur le chemin de La Séguinière », commune située à l'ouest de Cholet, sur la route de Montaigu.

Ils ajoutèrent que ce couple de Choletais a « laissé une fille et unique héritière, François Giraud, qui est actuellement en cette commune, âgée de dix huit ans, qu’elle s’est toujours bien comportée et qu’elle est en état de gérer ses affaires, qu’elle peut être émancipée, et qu’il est même de son intérêt qu’elle le soit au moyen de ce qu’elle a des droits dans une succession qui nécessite des précautions et une surveillance indispensable… »

« Tous les dits parents et amis, d’une voix unanime, ont été d’avis que la d(emoiselle) Françoise Giraud fut émancipée (…) et ont nommé pour son curateur aux causes ledit Jean Chesnay, l’un d’eux, qu’ils ont chargé de veiller à ses intérêts et d’agir conjointement avec eux… » Il semble y avoir eu débat chez le juge de paix, car le nom du curateur fut changé au verso de l’acte et recouvert par celui de Joseph Bernier.

L’acte de notoriété ne donne, hélas, aucune précision sur les circonstances ou les dates de décès de François Giraud et Pierre Bourigaud. Le registre clandestin de l’abbé Boinaud aurait pu nous livrer des indices, mais ces deux noms n’y figurent pas. Il est vrai que beaucoup de Choletais tués ou disparus pendant les Guerres de Vendée nous resteront à jamais inconnus.


Notes :

  1. François Giraud (ou Girault), fils de François Giraud et Anne Mauga(r)s, avait épousé à Saint-Pierre de Cholet, le 19 février 1770, Perrine Bourigaud (ou Bourigault), fille de Pierre Bourigaud et Françoise Monneau.
  2. A.D. 49, 94 L 24.