Dans l'étude remarquablement documentée que Jean-Marie Crosefinte a consacrée au Sacré-Cœur, insigne du combattant vendéen, ouvrage paru en 1983 et consultable en ligne depuis 2018, il manque une illustration, un petit dessin tracé par un officier républicain à la fin de son rapport sur la bataille de Thouars (5 mai 1793), afin de mieux décrire ce que portaient les chefs des insurgés.
Extrait du rapport de Pasquin avec son dessin du Sacré-Cœur porté par les chefs insurgés à la bataille de Thouars, le 5 mai 1793 (A.D. 85, SHD B 5/4-47)
Ce rapport (1) rédigé par Henri Pasquin, lieutenant au détachement de Tours, le 14 mai 1793, soit neuf jours après la défaite des Bleus à Thouars, n’est pas tendre avec le général Quétineau qui commandait la place, et encore moins avec les vainqueurs, dont il impute la victoire aux mauvaises dispositions des forces républicaines. Il ne leur reconnaît aucune qualité, ni valeur au combat.
Pasquin rechigne même à leur faire crédit de leur clémence, grâce à laquelle il fut pourtant libéré comme tous les prisonniers bleus : « On nous promit des congés pourvu que nous promettions de ne point porter les armes contre eux et reconnaître notre religion ainsi que Louis 17 pour roi ; frémissant d’horreur, nous nous vîmes près d’être détruits, on fit la grimace et à cinq heures on nous donna des congés » (orthographe corrigée). Il devait être bien fragile pour « frémir d'horreur » face à de telles exigences de l'ennemi ; les insurgés qui tombaient entre les mains des républicains ne devaient s'attendre, eux, qu'à la mort.
Le post-scriptum de cette correspondance en rajoute, s’il en était besoin, pour discréditer l'adversaire : « Cette armée prend pour titre catholique et royaliste, composée des forces poitevine, angevine et bretonne réunies. Cet assemblage est de prêtres, de nobles, de déserteurs, de gableux (2), de contrebandiers, garde-chasses, domestiques, canailles de pays et de pauvres imbéciles fanatisés… » Son intérêt tient cependant à un petit paragraphe de cinq lignes qui décrit les scapulaires portés par les chefs :
« J’ai aperçu dans nos ennemis le fanatisme des mêmes hommes qui renouent au temps de la Ligue. Leurs chefs ont des morceaux d’étoffes blanches, bleues ou vertes, sur lesquelles est une broderie faite en cette forme ci-contre » (voir l’illustration ci-dessous) :
Notes :