Parmi les personnages dont l’histoire locale a retenu les noms aux Aubiers (commune de Nueil-les-Aubiers, Deux-Sèvres), et qui reposent aujourd’hui dans le cimetière, figurent deux prêtres de la Petite Église, les abbés Osouf et Fossey. On en trouve cependant deux autres, signalés plus discrètement.
Au premier plan, la tombe de Benoît-Ambroise Bonin, combattant vendéen ;
au fond, à droite, la chapelle funéraire de Louis-Joseph de Calais, promoteur de l'insurrection d'août 1792
Je ne m’attarderai pas sur les tombes des abbés Osouf (ou Ousouf) et Fossey pour lesquels de grandes plaques de marbre noir donnent quelques éléments biographiques (illustration ci-dessous). On lira également à leur sujet cet article du blog Chemins Secrets.
Les tombes des deux prêtres de la Petite Église
La sépulture qui m’a amené ici cet après-midi se situe près de la grande croix centrale. Elle porte en lettres majuscules l’inscription « Famille Bonin-Jamin », sous laquelle ont été gravés les noms des personnes inhumées sous cette pierre. La peinture qui en soulignait les lettres a quasiment disparu, à l’exception des premières, protégées par la dalle funéraire. On y lit : « Benoît Ambroise Bonin 1771 1852 ».
Le nom de Bénoît-Ambroise Bonin inscrit sur la tombe
« Parmi les braves d’alors était M. Bonin… »
Madame de La Rochejaquelein le citait parmi les braves de la Grande Armée catholique et royale, à l’égal des Texier de Courlay, de Vandangeon « le Sabreur » d’Yzernay, des Soyer de Thouarcé, des Blouin de Trémentines, etc. (1)
Fils de François-Michel Bonin et de Perrine Pottier, Benoît-Ambroise-Henry Bonin naquit à la Péronnière des Aubiers et fut baptisé le 13 juillet 1771 (2). Il fit toute la guerre de 1793 à 1796 et reprit les armes en 1815 dans l’armée de d’Autichamp comme chef de bataillon des Aubiers (3).
Il se maria dans sa paroisse devant un prêtre insermenté, le 10 février 1795, avec Marie-Madeleine-Rose Billy, dont il eut quatre enfants : Rose-Henriette-Eulalie, née en 1796 (4) ; Benoît-Basile, né en 1797 ; François-Alexis, né en 1799 ; et Marie-Thérèse-Céleste, née en 1801. Il mourut aux Aubiers le 1er mars 1852, à l’âge de 82 ans.
On peut regretter qu’aucune plaque ne signale la tombe de ce personnage historique de la commune.
Détail de la tombe de la famille Bonin-Jamin
Louis-Joseph de Calais esquive la mort en 1792 et 1793
Une dernière célébrité locale liée aux Guerres de Vendée repose dans ce cimetière, dans une grande chapelle portant sur son fronton trois superbes blasons sculptés… mais pas le nom. Il s’agit de Louis-Joseph de Calais, né aux Aubiers le 13 mars 1749, seigneur de Puy-Louet, l’un des meneurs de l’insurrection royaliste de la Saint-Louis (19-24 août 1792) qui secoua toute la région, de Montcoutant à Châtillon-sur-Sèvre (actuel Mauléon), avant de s’achever tragiquement sous les murs de Bressuire.
Louis-Joseph de Calais passa au travers de la répression qui s’abattit sur les rebelles et repartit au combat lors du soulèvement de 1793. Il suivit ainsi les campagnes de la Grande Armée catholique et royale, y compris la Virée de Galerne. Capturé à Savenay (23 décembre 1793), il échappa de justesse à la mort et fut déporté en Espagne. Il passa ensuite en Angleterre, tenta de reprendre pied en France lors de l’expédition de Quiberon, mais en vain. Il put toutefois rentrer quelques années plus tard, se cacha aux Échaubrognes, avant de retrouver Puy-Louet, où il mourut le 13 août 1823 (5).
La chapelle funéraire de Louis-Joseph de Calais et ses blasons sculptés
En haut, le blason de la famille de Calais : « D'azur, à trois bourdons d'or posés en pal, au chef d'or chargé de deux coquilles d'argent » (couronne de comte)
Je signale une autre tombe remarquable, celle de Justin-Charles-Eugène Belot de La Digne, personnage sur lequel le blog de La Maraîchine normande a publié cet article.
Notes :
- Mémoires de Madame la marquise de La Rochejaquelein, 1889, réédition Pays et Terroirs, 1993, p. 143.
- A.D. 79, état civil des Aubiers, BMS 1685-1792, vue 44/305.
- J. Crétineau-Joly, Histoire de la Vendée militaire, réédition Pays et Terroirs, 1994, t. V, p. 110.
- Sa naissance fut enregistrée à l’état civil des Aubiers au 8 germinal an XI (29 mars 1803).
- Revue du Souvenir Vendéen n° 159 (juin-juillet 1987), pp. 38-39.