Décembre réserve toujours un petit bonheur aux gens des Mauges. C’est en effet à cette période de l’année que paraissent les Cahiers qui relatent avec une grande variété de sujets toute la vie de ce petit pays angevin. Et comme les Mauges ont formé le cœur de l’insurrection de 1793, on ne manque jamais de trouver dans cette publication des articles sur les Guerres de Vendée.

Les Cahiers des Mauges 20Le nouveau numéro des Cahiers des Mauges met en lumière les fresques du chœur de l'église Notre-Dame de Chemillé, magnifiquement restaurées.
  

Il serait trop long d’énumérer la quarantaine d’articles de ce 20e numéro des Cahiers des Mauges, dont le dossier central présente une rétrospective complète. Il y en a pour tous les goûts : de l’environnement, de l’économie, du patrimoine, de l’histoire, de l’art, du sport, des livres, etc. En cette année assombrie par le covid-19, l’actualité met aussi en lumière les épidémies qui sévirent dans les Mauges, de la peste médiévale à la dysenterie du XVIIIe siècle.

Deux articles piqueront la curiosité de tous ceux qui s’intéressent à la Grande Guerre de 93. Le premier, de Jacques Gachet et Anne Rolland-Boulestreau, rend justice à l’abbé Étienne-Alexandre Bernier, « un des plus grands calomniés de l’histoire ». Si la biographie de ce personnage controversé, l’un des plus influents au sein du Conseil supérieur des Vendéens, aborde trop brièvement certains points obscurs, comme sa tentative de rejoindre l’Angleterre après l’échec devant Granville les 14 et 15 novembre 1793 (1), ou son rôle dans l’exécution du général de Marigny le 10 juillet 1794 (2), l’affaire de la Saugrenière est en revanche plus développée pour conclure que l’hypothèse de la trahison de l’abbé Bernier ne tient pas à l’épreuve des faits. On sait d’ailleurs, grâce à un courrier passé le 25 février 1796 entre le commissaire du Directoire exécutif près la municipalité d’Angers et le ministre de l’Intérieur, que « ce sont les païsans qui avaient désigné la retraite » de Stofflet, et non l’abbé Bernier. On relèvera juste quelques détails de dates dans cet article, comme le traité de Saint-Florent-le-Vieil signé le 2 mai 1795 et non en juin ; ou la capture de Charette à la Chabotterie le 23 mars 1796, et non le 24.

Passons le récit captivant intitulé Quand Alexandre Dumas parcourait les Mauges, qui nous plonge au temps de la révolution de 1830, pour découvrir le portrait d’un autre ecclésiastique bien plus turbulent que Bernier : L’abbé Barbotin (1762-1848), un prêtre réfractaire au caractère bien trempé. Mickaël Leclerc nous relate avec quelques anecdotes pittoresques la vie d’aventure de ce personnage hors du commun qui surgit au milieu des combats dès le 13 mars 1793, son rôle d’aumônier de l’armée vendéenne, sa vie dans la clandestinité sous la Terreur, son refus obstiné du Concordat qui le mena à l’exil en Italie, et son retour dans les Deux-Sèvres où son fort caractère ne se démentira jamais. On notera cependant qu’il n’est pas mort à Tallud-Sainte-Gemme en Vendée, mais au Tallud près de Parthenay, le 29 janvier 1848. Sa tombe, qui existe toujours dans le cimetière communal, devrait faire l’objet d’une restauration (3).

Citons enfin, dans la rubrique Patrimoine, un bel article invitant à la visite de la Baronnière, ancien domaine du général de Bonchamps à La Chapelle-Saint-Florent. Et ce ne sont là que quelques pages parmi les 110 que comporte ce nouveau numéro des Cahiers des Mauges !

Les Cahiers des Mauges n°20, 110 pages entièrement en couleur, 10 €
  


Notes :

  1. Pour en savoir plus à ce sujet, on lira l’article de Paul Liguine, La tentative d'embarquement d'Avranches, 18 novembre 1793, Revue du Souvenir Vendéen n°223 (juin 2003), pp. 15-28, et n°224 (septembre 2003), pp. 4-19.
  2. Mgr Étienne-Alexandre Bernier, fascicule du Souvenir Vendéen « Mémoire d’une épopée », 2013, pp. 15-16.
  3. Pour en savoir plus, on lira l’article de Louis-Emmanuel Gaillard, L’abbé Louis Barbotin, prêtre oublié, premier aumônier de la Grande Armée, 1762-1848, Revue du Souvenir Vendéen n°102 (mars 1973), pp. 17-32.