Une antique croix de bois veillait depuis plus d’un siècle et demi sur le Cimetière des Martyrs, ce haut lieu de la mémoire vendéenne niché au cœur de la forêt de Vezins. Très abîmée par les éléments, elle a été remplacée la semaine dernière à l’initiative du Souvenir Vendéen.

Croix des Martyrs 4La nouvelle croix du Cimetière des Martyrs, en forêt de Vezins
   

Au plus fort de la Terreur, la forêt de Vezins fut occupée comme un refuge par les habitants des alentours. Très étendue, quasiment impénétrable, elle leur offrait ses ressources, mais aussi la sécurité car Stofflet y avait établi son quartier général et un hôpital. Les troupes républicaines qui sillonnaient les abords de ce massif dans les premiers mois de l’année 1794 finirent hélas par en percer le secret sur la trahison d’un bordier de Chanteloup-les-Bois, un nommé Porcher. Elles y pénétrèrent par la Bauche-des-Buissons, un campement situé près de la lisière de la forêt, et s’y livrèrent à un épouvantable massacre évalué à 1.500 victimes. Les Bleus se dirigèrent ensuite vers l’hôpital et le camp de Stofflet. Profitant de l’absence du chef vendéen et de ses hommes, ils se déployèrent pour étendre la tuerie à environ 500 autres malheureux.
   

Croix des Martyrs 6Derrière la chapelle Saint-René, on aperçoit l'oratoire érigé sur l'ossuaire des victimes des massacres de 1794, et la nouvelle croix de bois
   

Les trois croix : 1821, 1863 et 2021

En 1821, le comte René de Colbert-Maulévrier, propriétaire de la forêt, fit rassembler les ossements de ces victimes dans une fosse commune à l’emplacement de l’ancien hôpital. Ce carré fut entouré de murs et l’on dressa au-dessus de cet ossuaire une croix bénie l’année suivante par Mgr Montault-Désilles, évêque d’Angers. L’endroit fut dès lors connu sous le nom de Cimetière des Martyrs.

En 1862, la construction de la chapelle gothique Saint-René, saint patron du comte de Colbert-Maulévrier qui en fit l’enfeu de sa famille, marqua davantage encore l’importance de ce lieu de mémoire. Elle se trouve adossée à un oratoire bâti par la même occasion au-dessus de l’ossuaire des victimes des massacres de 1794. On éleva sur ce dernier une nouvelle croix de bois et l’on encastra dans ses murs la croix d’origine. L’ensemble fut béni le 13 mai 1863 par M. Fresneau, curé d’Yzernay.
   

Croix des Martyrs 1La croix de 1863 (état en 2012)
   

Cet oratoire fut restauré en 1951, grâce notamment au Souvenir Vendéen. Sa croix fut alors déplacée au pied d’un chêne dont le double tronc en maintenait les bras. Exposée aux intempéries depuis un siècle et demi, elle a malheureusement fini par succomber au pied de son arbre.

Une troisième croix a donc pris la relève le mercredi 21 avril dernier. Fabriquée dans un bois de chêne par les ateliers Perrault, de Saint-Laurent-de-la-Plaine, et installée par l’entreprise Berson, de Largeasse, elle se trouve à présent posée au sol sur un petit massif bordé de pierres, les racines de l’arbre empêchant d’y fonder un socle de maçonnerie. Comme pour l’ancienne, ses bras s’appuient sur le même tronc ramifié, comme accrochés à cette forêt dont ce monument perpétue l’histoire tourmentée. 
   


Quelques photos de la nouvelle croix du Cimetière des Martyrs prises cet après-midi 

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Croix des Martyrs 5La croix vue de l'intérieur de l'oratoire