Située à l’ouest de Montaigu, dans ce qui fut jadis les marches séparantes de Bretagne et de Poitou, la commune de Vieillevigne possède quelques rues dont les noms sont inspirés des Guerres de Vendée, de 1793 à 1832.
La rue de la Duchesse de Berry au village de la Grande Brosse
Nous avons déjà rencontré ici la rue du général Charles de Charette au village du Grand Chêne. On ne pouvait choisir meilleur appellation puisque ce partisan de la duchesse de Berry combattit les soldats de Louis-Philippe en ce lieu même, le 6 juin 1832. Non loin de là, sur l’autre rive de l’Issoire, une plaque du Souvenir Vendéen commémore cette bataille dont l’issue fut malheureuse pour les légitimistes.
La rue du Général Charles de Charette au village du Grand Chêne
La duchesse de Berry, l’égérie du dernier soulèvement de la Vendée en 1832, a d’ailleurs elle aussi sa rue à Vieillevigne, dans le village de la Grande Brosse. La plaque semble neuve et cette voie n’apparaît pas encore sur GoogleMap, et pourtant on ne trouve pas l’attribution de ce nom de rue dans les comptes rendus des derniers conseils municipaux.
La rue des Frères Guéraud… mais pas ceux de 1793
La commune de Vieillevigne n’aurait-elle retenu que des figures de 1832 ? On aurait pu espérer qu’une rue porte le nom de Gabriel-Esprit Vrignaud (1), ce chef de la division de Vieillevigne dans l’armée de Charette en 1793 ; or il n’en est rien. On voudrait alors se consoler avec la rue des Frères Guéraud, officiers dans la même division.
Fils de François Guéraud et de Marie Béziau, les trois frères se distinguent par le nom d’une terre accolé à leur patronyme. L’aîné, François Guéraud dit Guéraud-Boisjoly, appartenait à la garde nationale de Nantes quand il fut entraîné dans la première attaque contre Machecoul ; là, il prit un mouchoir blanc et, l’agitant, passa du côté des insurgés en criant : « Je suis Guéraud de Vieillevigne ». Il fut reçu à bras ouverts par Vrignaud qui le prit pour aide de camp, et enrôla ensuite ses deux frères, Guéraud-Gobinière et Guéraud-la-Houssaye (2).
La famille paya un lourd tribut à l’insurrection. Marie Béziau, veuve Guéraud, a passé la Loire avec l’armée vendéenne le 18 octobre 1793 et « le bruit public annonce qu’elle a été tuée » (3). Son fils Guéraud-la-Houssaye périt au passage du fleuve et son autre fils Guéraud-Gobinière mourut lui aussi à la guerre. Quant à Guéraud-Boisjoly, il fut tué les armes à la main à Bazoges-en-Paillers à la fin du mois d’avril 1794 (4).
Malheureusement, en découvrant la plaque de rue (illustration ci-dessous), les dates mentionnées renvoient à d’autres frères Guéraud : Léon-Alexis-Marie (1808-1853) et Alphonse-Théophile (1814-1861).
La rue des Frères Guéraud ne rend pas hommage à ceux de 1793
Notons enfin qu’il existe à Vieillevigne une rue Louis-Charles du Chaffault, héros de la guerre d’indépendance américaine, partisan de l’insurrection vendéenne en 1793, mort de misère à Nantes, dans la prison de Luzançais, le 27 juin 1794.
La plaque de la rue Louis-Charles du Chaffault
Ces plaques sont ajoutées à l'Album photos des rues vendéennes.
Note :
- Il est né à Vieillevigne le 14 mai 1758 et a été tué au combat de Machecoul le 10 juin 1793. Les relations entre Charette et Vrignaud ont été houleuses en raison de l’emprise que la marquise de Goulaine, ennemie jurée du premier, exerçait sur le second. Pour en savoir plus sur Madame de Goulaine, on lira la réponse à la question n°998 de « Chercheurs et Curieux », Revue du Souvenir Vendéen n°282 (printemps 2018), pp. 66-68.
- Joseph Rousse, Guéraud-Boisjoly, chef de division dans l’armée de Charette, Revue de Bretagne et de Vendée, 1907, p. 339.
- Déclaration de décès du 9 germinal an IX, état civil de Vieillevigne, liste des décès 1790-an IV, vue 6/132.
- J. Rousse, op. cit., p. 343.