Le 30 octobre dernier, les archives et la bibliothèque de la famille de Suzannet ont été mises en vente au château de la Chardière, à Chavagnes-en-Paillers. Le Département de la Vendée a acquis les lots les plus importants afin d’éviter la dispersion de ce fonds historique majeur.
Parmi les lots acquis par le Département de la Vendée : le portrait du général de Suzannet (1820) et les états de service de l'armée catholique et royale commandée par le comte de Suzannet
Le grand portrait du général de Suzannet constitue l’acquisition la plus spectaculaire. Haut de 2,40 m avec son cadre, ce tableau est une copie de la commande passée en 1816 par Louis XVIII pour le château de Saint-Cloud. L’original, peint par Jean-Baptiste Mauzaisse, est aujourd’hui exposé au Musée d’Art et d’Histoire de Cholet au sein de la rotonde des généraux vendéens. On notera une différence sur la version de la Chardière réalisée en 1820 pour la comtesse de Suzannet : l’inscription « Dieu et le Roi » ajoutée au drapeau. Estimé entre 5 et 8.000 €, ce portrait a été préempté à 34.375 €, montant de la dernière enchère. Il sera restauré avant de rejoindre les collections de l’Historial de la Vendée.
Une mine d’archives sur le général de Suzannet
Le Département a acquis d’autre part cinq lots d’archives qui concernent la carrière militaire du général de Suzannet. « À travers divers manuscrits, correspondances, états de service, les archives permettent de découvrir et comprendre les différents engagements de Constant de Suzannet pour le rétablissement de la monarchie, jusqu’à sa mort en 1815 lors des Cent-Jours, peut-on lire sur le site des Archives de la Vendée.
Né en 1772, Pierre-Constant de Suzannet fit ses études avec son cousin germain Henri de La Rochejaquelein à l’école royale militaire de Sorrèze, puis à celle de Paris. Intégré au régiment des Gardes-Françaises en 1788, il rentra à la Chardière l’année suivante après la dissolution de ce corps. En 1792, il émigra avec ses parents, rallia l’armée des Princes, passa en Angleterre où il prit part au projet de débarquement sur les côtes de Bretagne à l’été 1795. Cette expédition lui permit de regagner la Vendée et de s’attacher à l’état-major de Charette. Il mena pour lui plusieurs missions, notamment en Angleterre d’où il revint peu après la mort de son général. Il poursuivit la lutte dans son exil, avant de revenir combattre en Vendée en 1799.
Signataire de la paix de Montfaucon en 1800, il fut pourtant arrêté à Paris et conduit au fort de Joux. On trouve parmi les acquisitions du Département un lot d’archives relatif à l’évasion de Suzannet en août 1802, en particulier le procès-verbal établi par Baille, commandant du fort. À nouveau exilé, le chef vendéen retrouva la France quatre ans plus tard et fut récompensé de ses efforts sous la Restauration. Il reprit une dernière fois les armes pendant les Cent-Jours, jusqu’à sa blessure mortelle au combat de Rocheservière le 20 juin 1815.
Ces documents ont été confiés aux Archives départementales de la Vendée qui les mettront à la disposition du public dans le courant de l’année 2022.
À tout cela s’ajoutent quelques objets ayant appartenu au général vendéen ou à ses descendants qui s’illustrèrent dans d’autres conflits, comme les médailles de Jean de Suzannet qui servi durant la Première Guerre mondiale, ou un fanion du 24e régiment des tirailleurs tunisiens dont Hélène de Suzannet, figure importante de la Résistance en Vendée lors de la Seconde Guerre mondiale, était la marraine.
Lien vers l’article publié le 10 novembre 2021 sur le site des Archives de la Vendée :
Nouvelle acquisition : les archives du général de Suzannet (1772-1815)