Spécialistes de l’art du vitrail, les Ateliers angevins Barthe-Bordereau ont été retenus pour participer à la restauration de Notre-Dame de Paris. Ils sont les héritiers d’une longue lignée de vitraillistes qui, de Clamens à Desjardins et Bordereau, ont créé le plus grand nombre de vitraux vendéens, depuis la Madeleine d’Angers en 1892 jusqu’à la chapelle de Haute-Foy en 1957. 

Carte des vitraux Clamens-Desjardins-Bordereau

On trouve à l’origine de cette maison angevine réputée un simple ferblantier, Charles Thierry, qui mit à profit ses années de captivité en Angleterre, vers 1810, pour s’initier à l’art du vitrail, dont les techniques avaient été perdues en France depuis la Révolution. De retour au pays, il fut remarqué pour son talent par la comtesse de Serrant qui le soutint dans ses travaux. Après le transfert du premier atelier de Saint-Georges-sur-Loire à Angers en 1846, la maison se développa avec l’arrivée d’un peintre-verrier parisien, Louis Truffier, produisant des verrières pour de nombreuses églises d’Anjou, mais les associés finirent par se séparer. Truffier forma alors sa propre équipe en conservant l’excellent portraitiste, René-Victor Livache, et en accueillant plusieurs collaborateurs talentueux : le figuriste verrier Victor Megnen, le verrier Jean Clamens, et aussi son propre gendre, Charles Bordereau.

Lorsque Truffier prit sa retraite en 1879, l’association Megnen-Clamens-Bordereau installa l’atelier au n°1 du boulevard du Roi René, à Angers, et le fit prospérer pendant quinze ans. Le trio se sépara en effet en 1895, laissant seul Clamens à la tête de la maison d’où sortiront les incomparables vitraux vendéens du Pin-en-Mauges (1895-1899), de Montilliers (1900, illustration ci-dessous), de Chanzeaux (1902-1903) et de Chemillé (1917). Il faut rendre justice à Livache et à son fils Victor qui fournissaient au maître verrier les cartons à la base de ces créations.
   

MontilliersScène du massacre du 5 avril 1794 à Montilliers, vitrail de Clamens pour l'église paroissiale de Montilliers, 1900
   

Après la mort de Clamens, l’atelier fut repris en 1919 par Georges Merklen. Cet artiste diversifia les activités, mais ne réalisa aucun vitrail vendéen, contrairement à son successeur Roger Desjardins, qui en signa plusieurs à Chambretaud, Montilliers et son plus bel ensemble à La Salle-de-Vihiers (illustration ci-dessous).
   

La Salle-de-Vihiers
Scène de la vie de Rose Giet à La Salle-de-Vihiers en 1793, vitrail de Desjardins pour l'église paroissiale de La Salle-de-Vihiers, 1934
   

Le maître verrier, qui avait repris l’affaire en 1926, faillit en être le dernier directeur. Au bord de la liquidation judiciaire en 1934, il la céda à Maurice Bordereau, le fils de Charles, ancien membre du trio Megnen-Clamens-Bordereau, qui avait abandonné le métier du vitrail au début du XXe siècle. Maurice, en revanche, avait suivi son apprentissage à l’atelier de Clamens et se trouvait à présent à sa tête. Travaillant avec G. Réveillard, il signa plusieurs vitraux vendéens dont le style s’affirma au fil des ans notamment à La Séguinière (1955-1956) et à Saint-Paul-du-Bois (1957), la dernière création dans le registre des vitraux vendéens. 
      

La SeguiniereLa messe de minuit sous la Terreur, vitrail de Maurice Bordereau pour l'église paroissiale de La Séguinière, 1955-1956
   

La relève de Maurice Bordereau fut assurée en 1958 par son gendre Paul Barthe, puis par Michel Rollo en 1964 et son fils Philippe en 1998, enfin par Benoît de Pontbriand en 2016. La maison a cependant conservé le nom des Ateliers Barthe-Bordereau.