La mort de Bonchamps a inspiré à Thomas Degeorge, dans les années 1830, un tableau aujourd’hui exposé à l’Historial de la Vendée. À y regarder de près, la composition ressemble étonnamment à une autre toile de ce peintre inspirée, celle-là, de la guerre de Troie.
Thomas Degeorge, Oenone refusant de guérir Pâris, 1816, Musée d'art Roger-Quilliot, Clermont-Ferrand, source de l'image sur Twitter @LavastreAntoine
Le Musée d'art Roger-Quilliot à Clermont-Ferrand conserve la plus grande collection d’œuvres de Christophe-Thomas Degeorge (Blanzat, 1786 – Clermont-Ferrand, 1854). Ce peintre fit ses classes à partir de 1793 chez un maître de dessin du pays, Gault de Saint-Germain, avant de monter à Paris pour intégrer l’école de Jacques-Louis David à l’âge de seize ans. Il envoya des portraits au Salon dès 1810, entra quatre ans plus tard à l’école des Beaux-Arts de Paris et reçut plusieurs commandes destinées à orner des églises et autres édifices de la capitale. En 1816, il tenta le prix de Rome avec un tableau intitulé Oenone refusant de guérir Pâris, une scène tout droit sortie du récit d’Homère où l’on voit le jeune Pâris, blessé mortellement, demander à la nymphe guérisseuse Oenone un remède contre le poison qui imprégnait la flèche.
Thomas Degeorge échoua au concours, mais il dut avoir foi en sa composition car il s’en inspira directement pour commencer, sous le règne de Charles X, un tableau dans le goût de l’époque : La mort de Bonchamps ou, si l’on s’en tient au titre d’origine, Le général vendéen Bonchamps blessé mortellement à la bataille de Cholet obtient la grâce de 4000 prisonniers républicains qu’on allait fusiller. La révolution de 1830 éclata malheureusement trop tôt pour que le peintre achevât son travail, ce qui s’explique en partie par les très grandes dimensions de la toile : 3,88 x 4,78 m. La glorification des héros vendéens n’étant pas du goût de la monarchie de Juillet, loin s’en faut, Thomas Degeorge délaissa un temps sa toile et ne la présenta qu’en 1837 à l’exposition du Louvre. Montalivet, le ministre de l’Intérieur, la refusa tout d’abord en raison du sujet jugé trop séditieux. Il l’apprécia cependant sur un plan artistique au point de l’acheter quelque temps après et de l’offrir à la ville de Clermont-Ferrand.
Thomas Degeorge, La mort de Bonchamps, 1837,
Historial de la Vendée, Les Lucs-sur-Boulogne
La mort de Bonchamps a depuis lors rejoint les collections de l’Historial de la Vendée, mais il en reste plusieurs études au musée d'art Roger-Quilliot de Clermont-Ferrand : un dessin préparatoire (1829), une esquisse (vers 1835), une tête de paysan (vers 1835) et une étude pour la tête de Bonchamps mourant (1837). Si ces travaux préparatoires ne permettent pas vraiment deviner la ressemblance avec le tableau d’Oenone refusant de guérir Pâris, la réalisation finale ne laisse aucun doute. À comparer les visages, Bonchamps est le sosie de Pâris : cheveux bouclés (il n’y manque que le bonnet phrygien, et pour cause), yeux mi-clos, nez grec (forcément), bouche entrouverte. Il adopte en outre le même mouvement de bras et l’on retrouve des poses très proches pour son entourage, à commencer par d’Autichamp/Oenone. On remarquera aussi le personnage qui soutient le héros et pour lequel le peintre a réétudié la position de la jambe.
Comparaison de Pâris et Bonchamps dans l'œuvre de Thomas Degeorge
(cliquez sur l'image pour l'agrandir)
La signature de Degeorge au bas à droite du tableau de la mort de Bonchamps