L’association Grande Vendée a conçu un remarquable film d’animation qui donne vie au patrimoine verrier inspiré de l’épopée de 1793. Ce spectacle immersif est proposé au Ludylab, à Chambretaud.
Ce spectacle intitulé « En verre et contre tout » trouve son origine dans le travail de collecte de Jean-Louis Sarrazin qui s’est mis en quête, il y a quelques années, de tous les « vitraux vendéens ». On désigne sous ce nom les verrières représentant des figures ou scènes historiques inspirées des Guerres de Vendée. Elles ont été conçues, pour l’essentiel, de la dernière décennie du XIXe siècle jusqu’aux années 60 par plusieurs maîtres verriers aux styles variés, et sont aujourd’hui conservées dans une soixantaine d’églises et de chapelles dispersées sur quatre départements, principalement le Maine-et-Loire et la Vendée, et à une moindre échelle les Deux-Sèvres et la Loire-Atlantique (carte ci-dessous).
Désireux de partager ce patient recensement, Jean-Louis Sarrazin a confié aux éditions Pays et Terroirs, en 2020, un projet de livre destiné à mettre en valeur ce patrimoine régional unique en son genre, projet auquel j’ai eu le plaisir d’apporter ma contribution. Cet ouvrage salué comme « un livre de mémoire » fut particulièrement remarqué pour le traitement de ses illustrations. Loin d’apparaître figés dans leur apparence première, les vitraux sont ici explorés dans leurs détails les plus subtils, en détachant parfois les personnages pour rendre plus dynamique la lecture des scènes décrites.
Localisation des vitraux vendéens
(Jean-Louis Sarrazin, Nicolas Delahaye, Guerre de Vendée, la mémoire du vitrail, Pays et Terroirs, Cholet, 2021, 182 pages, 30 €)
Un spectacle immersif renversant
Cette iconographie ainsi renouvelée a fait germer dans l’esprit de Jean-Louis Sarrazin l’idée de pousser plus loin son projet de mise en valeur des vitraux vendéens auprès du grand public. Une exposition s’imposait. Cependant, au regard de la qualité du livre, elle ne pouvait prendre la forme d’une succession de panneaux fixes, par trop conventionnels. Il fallait lui donner plus de vie en l’animant sur une série d’écrans. C’est là qu’intervint Jean-Michel Mousset, président de l’association Grande Vendée et cofondateur du Ludylab, un espace de loisirs basé sur les nouvelles technologies, installé à Chambretaud, à 5 km du Puy du Fou.
Grâce à cet atout maître et à la compétence de ses techniciens, l’idée s’est concrétisée au moyen du « motion design », une technique de graphistes qui traite chaque image en la découpant élément par élément afin de recréer du mouvement là où le verre et le plomb l’ont figée. Les vidéos ainsi créées ont trouvé leur support dans un mur de sept écrans LED verticaux, des « totems » dont la forme épouse les dimensions des vitraux, l’ensemble étant disposé en arc de cercle comme dans le chœur d’une église, dans une salle obscure munie d’un système de spatialisation audio 3D. On ne pouvait rêver mieux pour une telle expérience immersive !
Quant à la partie artistique du projet, un nom s’est imposé à l’équipe, celui de Laurent Tixier, artiste aux talents multiples bien connu en Vendée. Outre l’accompagnement musical, ce dernier a composé, à partir des images qu’il a lui-même sélectionnées comme supports visuels, un texte lyrique plus qu’historique qui met l’accent sur l’âme vendéenne, sur l’apport de cette mémoire à la fois héroïque et douloureuse à la culture et à l’identité de la Vendée d’aujourd’hui, cette « Grande Vendée » comme la défend l’association, qui déborde les frontières du département éponyme, autant qu’en 1793.
L’expérience de ce spectacle immersif est renversante. Ces héros de vitrail, qu’on a toujours vus figés dans des poses immuables, ne se contentent pas de bouger la tête ou un bras, ils se déplacent aussi, sortent du cadre de leur lancette, évoluent dans des mouvements graphiques extrêmement soignés. Les scènes éclatantes de couleurs se meuvent sur toute la largeur des écrans, soudain déchirées par un coup de sabre. La messe dans les bois, thème récurrent dans les vitraux vendéens, est ici sublimée par la lumière. C’est un éblouissement, une vision totalement renouvelée de l’imagerie vendéenne.
Les vingt minutes de projection passent trop vite. L’œil n’a peut-être pas eu le temps de saisir chaque détail. On en redemande et il est encore temps. Initialement proposé en janvier et février 2023, le spectacle est prolongé jusqu’à la fin du mois de mars. Un seul conseil de ma part : courez-y !
Vous pouvez réserver votre place sur le site du Ludylab (entrée : 5 € par adulte ; gratuit pour les moins de 18 ans et les étudiants).
Ludylab, 2 rue du Bocage, 85500 Chambretaud (commune intégrée à la commune nouvelle au nom affreusement bricolé de « Chanverrie »). Téléphone : 02.51.63.94.90 – Courriel : contact@ludylab.fr