Le 13 décembre 2022, le conseil municipal de Bouin (Vendée) a voté l’achat d’un « scapulaire commémoratif » attribué à Jean Robard, qui fut l’une des victimes de la fusillade du 20 février 1794.

Jean RobardAu centre, le « scapulaire commémoratif » de Jean Robard ; à gauche, la croix du Champ des Fusillés, à Bouin ; à droite, le nom de Jean Robard sur l'une des plaques fixées sur cette croix.
   

L’objet figurait dans le catalogue d'une vente aux enchères de la maison Osenat de Fontainebleau sous le titre : « Scapulaire commémoratif en drap écarlate sur toile blanche brodée “Dieu le Roi”. Sancta Philomena / Corpus mugnani quiescit. Annoté au crayon au dos “Robard Jean fusillé à Bouin entre Machecoul et Noirmoutier” ». On imagine que le cœur rouge et la médaille sont des reliques de Jean Robard, cousues sur cette toile immaculée pour être placées dans un cadre (format de 22 x 14,5 cm).

Informée de cette vente, la commune de Bouin a formulé une proposition à hauteur de 350 € (montant de l’estimation), hors frais et taxes, ce qui a été accepté par le vendeur. Cette acquisition a ensuite été proposée au conseil municipal en séance du 13 décembre dernier, et approuvée par un vote de 15 pour, 3 contre, et aucune abstention. Le prix négocié s’élève donc à 450,10€.

La fusillade de Bouin

Dans quelles circonstances eut lieu cette fusillade qui coûta la vie à Jean Robard ? Le 5 décembre 1793, les 1.500 hommes de Charette s’étaient retranchés à Bouin au milieu des marais. Les troupes républicaines de Haxo, Dutruy et Jordy, qui les encerclaient, donnèrent l’assaut le lendemain matin. Les Vendéens résistèrent un temps, puis cédèrent en s’enfuyant à travers les étiers, abandonnant dans l’île les 300 femmes qui les accompagnaient.

Cette conquête de Bouin par les républicains fut suivie le mois suivant par une fusillade de 33 habitants. Elle eut lieu à la Claye, à l’écart du bourg, le 20 janvier 1794. On trouve à cet endroit, devenu le Champ des Fusillés, une croix portant les noms des victimes. Quatre membres de la famille Robard y sont mentionnés :

  • François, né en 1758 à Bouin, fils de François Robard et Marie-Anne Laurant ; marié en 1783 à Bouin avec Louise Dugué, dont il eut trois enfants ;
  • Jacques, né en 1740 à Bouin, fils de Pierre Robard et Marie Piraud ; marié en 1761 à Bouin avec Marie-Anne-Thomas, dont il eut onze enfants ;
  • Mathurin, né en 1752 à Bouin, fils de Guillaume Robard et François Gautier ;
  • Et notre Jean Robard, pour lequel je n’ai pas pu établir de généalogie certaine.

La notice d’Ossenat indiquait que, selon d’autres versions, « Jean Robard serait un enfant d’un an, noyé à Noirmoutier ». Cet enfant né le 20 septembre 1792 à Saint-Cyr-en-Retz était le fils de Jean Robard (un homonyme) et Jeanne Prou. Il fit partie des malheureux embarqués sur le chasse-marée Le Destin au soir du 23 février 1794, emmenés en baie de Bourgneuf le lendemain pour y être jetés par-dessus bord et achevés à coups de rames et de crosses de fusils. Les victimes de cette noyade étaient deux vieillards de plus de 70 ans, et 39 femmes et enfants, dont cinq nourrissons. Ce Jean Robard n’avait que 17 mois.